Intro

Tracés... Figures, chemins, traces

mardi 7 février 2012

Les slashers

Slashers est un nouveau terme qui nous viendrait des Etats-Unis et dont le Magazine du Monde du 28 janvier 2012 nous donne cette définition "[...] les "slashers", des actifs qui cumulent les professions comme d'autres les mandats." dans son article "Trois boulots sinon rien." Et, cela , le plus souvent avec un statut d'indépendant.

Est un slasher la personne qui slashe donc, en référence au signe typographique "/ ". Rien à voir donc avec les slasher movies (films d'horreur, de l'anglais to slash, taillader).
Cette précision faite (dont on pourrait jouer dans l'attrait mais aussi la peur que provoque une carrière non normative , notamment dans une société:-)!), la référence directe à l'écriture via la typographie est intéressante à plus d'un titre. 

Tout d'abord, elle rappelle l'usage du clavier des ordinateurs et des smartphones et, ainsi, une forme d'écriture actuelle : on a souvent tendance à l'oublier, auparavant le slash était principalement utilisé dans son sens "par rapport à" comme dans l'objet d'une lettre, "en référence à", comme dans les courriers plus ou moins officiels. L'utilisation du / a donc évolué comme en témoigne l'utilisation qui en est faite dans les énumérations ou encore dans le smiley :-/.   Cette remarque n'est pas anodine puisqu'elle induit une certaine illusion qui laisserait penser que slasher (qui slashe) serait un phénomène nouveau, ce dont je peux douter même si l'expression du signe s'est modernisée. C'est cet attrait pour le nouveau, la "novelty" que je serais tentée de dénoncer au travers la méprise possible de croire que slasher est extrêmement moderne et, serait de facto réservé à une élite libérée des traditions. Un bel exemple, selon moi, est la lecture de l'article paru dans Madame Figaro le 4 septembre dernier, "Génération / slashers" qui évoque la sphère de la haute couture. Slasher est avant tout l'expression moderne d'une écriture.

La référence directe à l'écriture rappelle ensuite qu'une vie s'écrit et qu'elle s'inscrit dans une pratique. Cette tradition du récit, dans l'affirmation d'un sens, n'est pas nouvelle (cf. L'écriture de l'histoire, de Michel de Certeau) même si la dimension personnelle est quant à elle plus récente. La vie s'écrit donc, elle "se dessine", non pas de manière monolithique mais bien par de nombreuses figures.
Ces figures que j'évoque ici ne se résument pas à des formes figées, déterminées et reconnaissables dont les contours seraient des limites ; elles ne se réfèrent pas non plus à une succession de figures déconnectées les unes des autres mais révèlent bien une certaine complexité comme celle que le sociologue Serge Guérin rappelle dans l'article du Magazine du Monde (opus cité) : 
"Nous sommes entrés dans l'ère de la modernité évolutive où ni les savoirs, ni les identités, ni les statuts, ni les rôles ne sont définitivement acquis ou obligatoirement figés".
Il n'est ainsi pas vain de rappeler cette multiplicité, ces slashes, qui s'expriment à un niveau professionnel.  Il est tout aussi utile de sortir d'un discours admiratif d'un mode de fonctionnement toléré, voire mis en exergue par certains, parce qu'exceptionnel. La mise en avant de ce que le grand père de Thierry Marx appelait la "capacité d'inventer la vie en tant qu'homme" , la créativité en chacun de nous devrait ainsi parvenir à ouvrir un monde professionnel morne 
" [...] ce n'est pas à nous de nous adapter au système, s'insurge le sociologue, c'est au système de s'adapter! Il faut tendre à une société plus créative, plus ouverte, qui soutienne ces modèles en devenir".
Quand une certaine intelligence pratique et singulière permet alors un autre regard. Recruteurs, prenez-en de la graine lorsque vous rencontrez un candidat qui ne correspond pas aux schémas en cours! Vous pourriez y gagner ;-)!









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire